Tarnation

Publié le par Camille et Emilie

tarnation-copie-1.JPGRéalisation/Scénario : Jonathan Caouette
USA
Année : 2004
Durée : 1h28

Ce film est remarquable !!! Si vous avez l'occasion de le visionner, c'est à ne pas manquer.

C'est un film autobiographique de l'américain Jonathan Caouette. A l'âge de 11 ans, il décide de filmer les années de sa vie. Au fur et à mesure que l'on regarde le film, on le voit grandir, on s'attache beaucoup à ce personnage car il a une vie très chaotique et le film ne le cache pas. Il tente d'améliorer sa vie en filmant ses proches sous forme de journal intime. C'est un film très émouvant et réaliste.



Voici une critique de Martin Rosefeldt :
 
Houston, Texas, début des années 80 : Jonathan Caouette a 12 ou 13 ans quand il commence à se filmer dans des pastiches de fictions dans l'appartement de ses grands-parents, grimé en femme et se tortillant nerveusement les cheveux qui lui tombent sur le front. Il joue le rôle d'une jeune femme dépressive, dégoûtée de la vie, battue par son mari et laissée seule avec son nouveau-né. Malgré le pathos excessif de la voix et des gestes un peu mélo, la scène est infiniment poignante : un jeune ado tente désespérément de garder le contact avec sa mère grâce à la caméra, et de mieux comprendre le cauchemar de son enfance. Par films super 8 interposés, Jonathan Caouette se réfugie très tôt dans son propre imaginaire, en s'improvisant la star d'opéras rock de son propre cru. Non pas pour tromper son ennui de fils unique, mais pour survivre, tout simplement.

Près de vingt ans plus tard, encouragé par un ami cinéaste et parrainé par Gus van Sant, il concocte un portrait de lui-même et de sa mère dépressive à grand renfort de bribes de films vidéo, d'enregistrements audio, de films super 8 et de messages de répondeur téléphonique. Le film de Caouette commence en 2003, alors que sa mère perd définitivement la raison après une overdose de lithium. Il tente alors, un peu laborieusement, d'éclairer le parcours de cette femme par des lambeaux de film montés bout à bout et assortis de textes explicatifs : Renée Caouette est elle-même une enfant, elle vient d'être découverte pour des clips de pub et de télévision après un concours de beauté, quand elle se retrouve en clinique après un accident, où elle est régulièrement soumise aux électrochocs à la demande de ses parents. Une méthode volontiers utilisée aux USA dans les années 60 et 70 pour les désordres psychiques les plus divers. Par la suite, cette mère maniaco-dépressive fera des séjours de plus en fréquents en hôpital psychiatrique à la suite de crises de schizophrénie.

Pour Jonathan, la séparation de sa mère puis les séjours traumatisants dans diverses familles d'accueil sont à l'origine d'un dédoublement de la personnalité : la vie qui l'entoure lui paraît de plus en plus irréelle, une dissociation s'opère au niveau de son corps. Ceci explique aussi le principe de montage de Caouette, qui obéit à sa pensée associative centrée sur l'imaginaire. On voit souvent son visage éclaté par des prismes ou éclaboussé de sang. En même temps, « Tarnation » est plus qu'un autoportrait thérapeutique, c'est aussi un cri d'amour pour sa mère et une façon de mettre de l'ordre dans la vie de sa famille. Ce collage expérimental et pourtant chargé d'émotion est à la fois un document édifiant sur l'attitude américaine face aux troubles psychiques, un témoignage sur la culture rock underground des années 80 à New-York et la narration d'un combat désespéré pour survivre.

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-Emilie et Camille-

Publié dans Cinéma

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